- GUYANE VÉNÉZUÉLIENNE
- GUYANE VÉNÉZUÉLIENNEGUYANE VÉNÉZUÉLIENNELe terme de Guyane désigne, au Venezuela, deux ensembles différents: d’une part, le vaste morceau de socle précambrien compris entre la frontière brésilienne et l’Orénoque; d’autre part, la région du bas Orénoque et du bas Caroní, l’un des grands pôles de développement du pays.Le socle, fragment du vaste bouclier amazonien, est recouvert de sédiments primaires épais, en général gréseux, disposés en couches horizontales. Les versants, quasi verticaux, reculent parallèlement à eux-mêmes, ce qui détermine un relief caractéristique (inselbergs) de tables à bords verticaux dominant le plateau de plusieurs centaines de mètres, et à sommet plat: les tepuys , «mondes perdus» presque inaccessibles. Le grand plateau est couvert soit de savane (Gran Sabana), soit de forêt humide, peuplées d’Indiens refoulés après la conquête espagnole. Au nombre d’une quarantaine de mille environ, ils vivent de cueillette et d’agriculture en essayant d’éviter le contact de l’homme blanc. Les missions paraissent accroître leur emprise, surtout les protestantes. Les Indiens venus dans les villes (Puerto Ayacucho) pour fuir les guerres tribales ou les sécheresses subissent rapidement un processus de «clochardisation».Les ressources traditionnelles de la Guyane (or, diamant surtout, un peu le bois) comptent peu aujourd’hui auprès des richesses du bas Orénoque. Des gisements de fer immenses (réserves estimées à plus de trois milliards de tonnes de minerai d’une teneur de 50 p. 100 à 62 p. 100) sont exploités depuis vingt ans par deux compagnies américaines (U.S. Steel, Bethlehem Steel) et fournissent un tiers du minerai importé aux États-Unis. Le minerai est exporté en Pennsylvanie (Morrisville) par vaisseaux de haute mer chargeant directement à Puerto Ordaz; un bras du delta a été approfondi. Des gisements de manganèse et de bauxite ont été reconnus à proximité. L’équipement hydro-électrique complet du bas Caroní (barrage géant de Gurí) devrait produire plus de trente milliards de kilowatts-heures.Dans le triple but de fixer la population de l’Oriente (les montagnes pauvres du Sucre se dépeuplent; les champs pétrolifères s’épuisent), de créer un contre poids à Caracas et aux Andes et de développer une industrie lourde nationale, gage d’indépendance, le gouvernement a créé la Corporación Venezolana de Guyana (C.V.G.), relevant directement du président de la République. La C.V.G. agit dans trois directions: d’une part, développement d’une sidérurgie (Matanzas, près de Puerto Ordaz) nationalisée, utilisant des fours électriques pour produire 600 000 tonnes d’acier par an; l’exploitation est déficitaire; l’exportation des principaux produits (tubes sans soudure pour l’industrie pétrolière) est gênée par le prix de revient élevé; d’autre part, création d’une ville nouvelle à Santo Tomé; enfin, transformation d’une partie du delta en riche région agricole pour l’alimentation de la ville nouvelle et des ouvriers des industries. Une digue de plus de trente kilomètres isole des terres aujourd’hui drainées qui doivent être consacrées à l’horticulture et à l’élevage intensif.Le développement de la Guyane été plus lent que prévu: retards graves à Gurí, déficit croissant de la Siderúrgica, mécomptes à Santo Tomé, violentes critiques contre le «polder» du delta.
Encyclopédie Universelle. 2012.